Hier, dans le métro avec un ami, on lisait Metronews.
Un article en page 10 titre « L’eau de Javel ne ménage pas vos enfants » (le jeu de mots trop compliqué à trouver !) et pour illustrer l’article, un homme passe la serpillière à quatre pattes.
Pour moi, c’est une caricature d’une femme faisant le ménage.
– Pourquoi ce serait une caricature d’une femme faisant le ménage ?
– Déjà, personne ne fait plus le ménage de cette manière. Et pourquoi il est obligé de se déguiser (en femme) pour faire le ménage ? Cette photo est clairement caricaturale et sexiste.
– (sourire) Toujours quelque chose pour se plaindre.
Sous-entendu « Vous les féministes, vous trouvez toujours une excuse pour vous plaindre. Vous voyez le mal partout. »
L’article en question
Avant de dire le fond de ma pensée personnelle et intime, j’aimerais prendre le temps d’analyser rapidement cet article et son illustration.
De quoi parle-t-il ? Du danger que représente l’utilisation de l’eau de Javel sur la santé des enfants. En gros, l’eau de Javel utilisé comme nettoyant domestique peut causer des troubles de santé (respiratoires, entre autres).
Qui a-t-on choisi pour illustrer un article concernant (la santé) des enfants ? Un ADULTE en train de faire le ménage. Aucune cohérence avec le sujet traité, mais bon passons. Et puis, (je répète : pour moi, il s’agit d’une caricature), je ne comprends pas pourquoi on en fait une caricature, en mettant en avant un homme, qui semble toute « ne sait pas s’y prendre » pour le ménage. Comme pour dire « les hommes n’y connaissent pas grand chose, laissez les femmes le faire » ! Idée que l’on retrouve dans certaines pubs. Exemples : cliquez ici et là.
Mon féminisme
[Breakins News] Je suis Féministe ! Le choc, la déception !
Je vais faire ma star en interview et vous raconter les prémices de mon militantisme féministe. Plus jeune, il y a fort fort longtemps, à l’âge où tu découvres la vie avec tes yeux d’enfant innocent, je me posais beaucoup de questions existentielles (c’est toujours le cas aujourd’hui. En ce moment, je me demande comment on vit le fait d’adopter et d’élever un enfant blanc quand on est Noir(e). On a une vague idée quand les parents sont blancs et l’enfant noir, mais pas l’inverse. Laissez un message dans les commentaires si vous avez une réponse).
Des questions existentielles donc, comme :
- « Comment je fais pour voir la lune en même temps que d’autres personnes dans le monde alors qu’on n’est pas dans le même pays ? »
- « Si on n’a pas de cheminées, comment le Père Nöel fait pour déposer nos cadeaux sous le sapin ? »
- « Pourquoi, alors qu’il y a 999 femmes (elles), mais UN SEUL homme (il), on doit dire ILS ??! POURQUOI ? »
- « Pourquoi les filles ne peuvent pas jouer aux billes, monter aux arbres, jouer aux jeux vidéos (je faisais tout ça; mon entourage me répétait que ce n’étaient pas des activités pour une fille) ?
- « Pourquoi les filles doivent se lever plus tôt pour faire le ménage (on y revient), faire à manger, s’occuper des HOMMES de la famille pendant que ces derniers « s’occupent de subvenir aux besoins de la famille et apporter la sécurité » (j’essaie toujours de comprendre ce que cela signifie) ? POURQUOI ?!! »
Bref, des questions qui me perturbaient plus jeune et auxquelles on me répondaient « Parce que c’est un garçon et toi tu es une fille ». Voilà, c’est tout. Et moi, je ne trouvais pas ça normal, mais on ne peut rien y faire, parce que c’est la société, les lois qui en ont décider ainsi.
Le temps passe, arrive l’adolescence et les questionnements. « Est-ce je suis jolie ? Pourquoi XX ne me remarque pas ? ». C’est pendant cette période de construction que la société t’apprend que ta valeur de Femme réside dans deux choses :
- Ta capacité à séduire et garder un homme (est-ce que tu sais cuisiner ? tenir un foyer ? mettre à l’aise ton homme – je déteste cette expression, « ton homme »)
- Peux-tu procréer (est-ce que ton utérus peut héberger un alien humain) ?
Donc les filles se battaient pour un garçon, les filles se faisaient belles pour un garçon, les meilleures amies devenaient les pires ennemis pour un garçon; les filles vivaient pour les garçons avec comme objectif ultime devenir Mme Untel. Le mariage est donc le St Graal féminin.
Pour ma part, même si j’ai eu un sévère crush pour un garçon de mon école, je me rêvais plutôt en grande Chef d’une entreprise multinationale. Je devais bâtir mon empire (ambition mon amour !). Mes Role Models sont Beyoncé et Simone Veil et si je me marie un jour, je garderai mon nom de jeune fille. Si ta virilité d’homme réside principalement dans le fait que ton épouse porte ton nom, tu dois avoir un sérieux problème de confiance en toi. D’ailleurs, je suis fascinée de voir comment Simone Veil a accompli tout ce qu’elle a fait pour la cause féministe tout en portant fièrement le nom de son mari, qui la soutenait et a su s’éclipser.
Bref. Avance rapide, nous sommes en 2012/2013 et je ne sais toujours pas que je suis féministe. Je sais que je suis pour l’égalité salariale, pour la contraception et l’IVG si cela est un choix, que ça me révolte de savoir que dans plusieurs pays encore, une femme doit demander l’accord (l’accord écrit, ça va de soi) de son mari pour travailler ou pour faire son passeport, que je suis pour le partage des tâches au sein du couple et que ça me désole que certain(e)s, entreprises comme employé(e)s, voient une grossesse / un enfant comme un frein professionnel. Je suis Féministe mais je ne le sais pas encore, je n’ai pas encore mis les mots sur ce truc qui fait que j’ai envie de me battre pour moi et les autres, pour qu’on me respecte en tant qu’être humain et non pas en tant que « sexe faible qui saigne une fois par mois (Beurk, c’est dégoûtant les menstrues, n’en parle pas !), incapable de diriger une équipe, une entreprise, un pays parce que mes émotions, mes hormones pourraient me faire faire n’importe quoi ».
Mon Féminisme en est à ses balbutiements, mais je sais que j’ai droit au respect, même dans les plus petits détails, et je ne vois pas pourquoi je devrais m’en excuser. Sorry, but not sorry !
P.S : J’en profite pour partager à nouveau cette vidéo.
L’interrogation relative aux parents noirs adoptant un enfant blanc me fascine et m’obsède. Ç’en est presque malsain…
Au vu du sujet principal de l’article (tes premiers pas de féministe), ce commentaire se révélera donc être passablement inutile (le féminisme et moi, on reste à des distances cordiales l’un de l’autre)(je viens de découvrir ton blog et je parcours tes écrits, de-ci-, de-là) mais promis, pour le prochain, j’essaierai de faire mieux.