J’ai longtemps (genre loooongtemps) hésité à écrire cet article; ça doit bien faire plus d’un an qu’il est là, dans un coin de ma tête. Attendant que je trouve comment formuler ce que je ressens. Et même aujourd’hui encore, je ne suis pas sure que mon discours soit clair, que je ne vais pas partir dans tous les sens. Mais aujourd’hui, j’ai envie, ou plutôt j’ai besoin de parler de la solitude.

« … first let yourself be broken »

Pour moi, les ruptures amicales sont les plus difficiles. Je les vis de manière beaucoup plus tragique, beaucoup plus douloureuse que la fin d’une relation amoureuse. Je suis le genre d’amies prête à tout pour les siens. Je vis pleinement les joies, les réussites, les échecs, la douleur de mes proches; comme je dis souvent « je porte le problème comme si c’était le mien ». Mais je suis aussi une personne qu’on pourrait qualifier de peu expressive, ou plutôt, qui exprime mal ce qu’elle ressent quand ça relève de la sphère privée. Et il arrive que des fois, ce que je considère comme la posture à adopter face à une situation soit mal perçue par les autres, qui attendaient une autre réaction. Quiproquo, mauvaise communication, tout ce que vous voulez. Parfois, ça donne l’impression que je suis un robot, que je ne ressens rien et que je n’en ai rien à faire de la situation. Alors qu’au fond, je suis désemparée et je ne sais pas comment réagir ni quoi dire pour que les autres comprennent qu’ils ont mon soutien. On prend souvent cela pour de l’apathie, de la condescendance ou du mépris. Je ne sais pas, peut-être.

Et malheureusement pour moi, je n’aime pas avoir l’impression de déranger les gens, donc souvent, j’attends. J’attends qu’ils viennent me parler, me dire ce qui les tracasse. Et cette « inaction » passe pour du désintérêt et de l’insensibilité face à ce que les autres vivent. Ce qui est évident pour moi, ne l’est pas forcément pour les autres; et ça, je l’ai appris (et continue d’apprendre) à mes dépens. Je perds des amis, parce que la vie, parce les nouvelles responsabilités, parce que les différences d’opinions et de personnalités, parce que la relation devait se terminer car son rôle a été rempli. Et les autres qui sont toujours là, ou qui arrivent après, je n’ai pas envie de les déranger. Et puis, les groupes / duos sont déjà formés, j’ai l’impression d’être la cinquième roue du carrosse. Comme une impression de déranger, de n’avoir pas ma place. Mais Leslie Knope a rencontré Ann Perkins a plus de 30 ans, so just be patient.

Et puis, cette fameuse solitude. Pourtant, je suis entourée par des personnes merveilleuses. Mais j’ai l’impression de toujours devoir être forte pour les autres. Je dois comprendre les autres même quand ils sont ignobles et irrespectueux avec moi; je dois « aimer comme une mère aime », sans limite et je dois être là pour les autres car ils ont besoin d’une épaule forte sur laquelle se poser. Ils ont besoin de conseils avisés. Je dois montrer l’exemple, je dois aider, je dois m’assurer que tout le monde est heureux et épanoui. Evidemment, j’aime que mes proches soient à l’aise, mais parfois, j’ai envie d’être tranquille chez moi à me lamenter sur mon sort. Oui, même si « d’autres vivent pire ». Ça ne change rien à ma peine, ma détresse. J’ai le droit d’être à zéro même si j’ai « tout ». En lisant cet article du Huffington Post, Don’t Forget To Check On Your Strong Friend, je me suis reconnue et j’avoue, j’ai eu un pincement au cœur, parce que bien souvent, j’ai l’impression de ne pas avoir le droit d’être faible; d’avoir l’obligation d’être forte, tous les jours, tout le temps. Et je culpabilise aussi de vouloir qu’on s’occupe de moi, d’être au centre de l’attention juste cette fois là.

Et comme la vie fait bien les choses, je mets du temps à m’ouvrir aux autres. A chaque fois que je me confie, même sur les choses les plus banales, j’ai l’impression que c’est la fin du monde, que d’une manière ou d’une autre, ce sera utilisé contre moi, pour me blesser plus tard. I got trust issues, I guess. Résultat, je ne dis (quasiment) jamais rien. J’accumule, sans que ça ne sorte jamais réellement. Peut-être que je devrais épargner pour pouvoir consulter un psychologue. Peut-être aussi que c’est à moi de me débrouiller avec mes soucis et juste faire avec. Après tout, « on naît seul(e) et on meurt seul(e) ».

Bref, c’était gentil de votre part de me lire jusqu’au bout. Et si vous êtes comme moi, cherchez de l’aide, quitte même à ce qu’elle soit professionnelle.

5 thoughts on “A nos amitiés perdues… et autres pensées sur la solitude

  1. Magnifique article.. je m’y suis tellement retrouvée. Et je pense que l’on est sur la bonne voie puisqu’on est enfin consciente de ce que suscite notre fonctionnement aussi bien auprès des autres que sur nous-meme. S’améliorer tout en gardant ces qualités que sont l’amour sincère, la compréhension etc est une quête perpétuelle. Bravo pour cette article!

  2. Je me suis reconnue dans bien des points. Et comme je suis moi-même en quête de solutions, je ne peux que te dire de te donner le droit d’être égoïste, de temps en temps car comme tu l’as dit  » J’ai le droit d’être à zéro même si j’ai « tout ». »

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