Dans la tourmente actuelle, les citoyens français ont tout de même dû aller voter pour le 1er tour des municipales 2020. Bien que certaines personnes estiment que celles-ci auraient dû être reportées, cela a été l’occasion d’assister, et même de participer à des élections dans une vraie démocratie.

Ma carte d’électrice en main, j’ai bravé le vent et les 500m qui séparent mon domicile de mon bureau de vote. Après avoir nettoyé mes mains avec un gel hydroalcoolique, je vais dans l’isoloir pour choisir le bulletin que je vais mettre dans l’urne. Les membres du bureau vérifie mon identité avant de prononcer les précieuses paroles : « A Voté ». Avant de partir, ils me demandent si j’accepte de revenir le soir pour participer au dépouillement des votes. Comme pour les membres d’un jury au tribunal, n’importe quel citoyen peut être appelé à remplir cette fonction , même si pour le dépouillement, ils comptent sur la bonne volonté et la disponibilité des gens. C’est avec beaucoup de plaisir et d’honneur que j’ai accepté.

C’est une sensation assez étrange de fierté et d’engouement qui m’a submergée pendant la soirée. Je m’appliquais soigneusement à respecter les consignes afin que chaque vote soit bien comptabilisé et validé. J’avais vraiment l’impression de participer à faire respecter la démocratie et les choix de chacun, même si on n’est pas d’accord avec les autres candidats. Tout ceci m’a ramenée en 2016.

Si vous me suivez sur Twitter depuis un moment, vous avez certainement pu être témoins de mon implications lors des élections présidentielles au Gabon en 2016. La crise politique qui en a suivi a été désastreuse, que ce soit entre les autorités publiques et les citoyens, mais aussi entre les citoyens des différents bords politiques (et ceux qui ont un minimum de décence). Aujourd’hui encore, des familles sont déchirées, des amitiés brisées et certaines personnes de la diaspora gabonaise sont persona non grata sur le territoire national. Les séquelles sont toujours visibles jusqu’à présent tant sur la gouvernance du pays que dans les relations au quotidien. Tout cela car certains n’ont pas accepté le résultat des urnes. Des vies ont été prises, violemment. Les impacts de balles sont encore visibles et les absences des personnes disparues ou en prison se font sentir tous les jours auprès de leurs proches. Simplement car elles ont choisi un camp politique différent. Car elles voulaient simplement le changement et rêvaient d’un meilleur avenir pour leur patrie.

De voir ainsi la démocratie respectée lors de ces élections municipales en France, comme pour toutes les autres élections, ça m’a fait quelque chose. De me dire que les estimations annoncées dans la soirée seront conformes aux résultats validés, de savoir que je pourrai dormir sur mes deux oreilles et qu’à mon réveil, il n’y aura pas eu d’effusions de sang ni d’arrestations arbitraires pour forcer un résultat autre que celui des électeurs, celui des urnes. Que lesdites urnes n’auront pas été forcées ou volées pour être substituées pour changer les bulletins, ça fait bizarre.

Voyez à quoi les politiques de nos contrées, nos « républiques bananières », nous réduisent. On en vient à se réjouir pour des normalités. Ce qui devrait être banal nous parait exceptionnel tellement on n’a jamais connu le respect de nos votes. On va dans chaque élection en se disant « à quoi bon puisque ils vont quand même bourrer les urnes / les résultats sont connus à l’avance / ils ont déjà acheté les membres du bureau de vote pour s’assurer la victoire » !

Voyez comment ils tuent à petit feu mais de manière constante le sentiment d’appartenance, le patriotisme et la fierté nationale ainsi que la confiance en la Nation. Voyez comment ils détruisent l’idéal et les rêves des citoyens. Tu m’étonnes que le taux d’abstention ne cesse de grandir à chaque nouvelle élection. A quoi bon lutter ! Au fond, c’est leur but : nous avoir à l’usure pour que ce soit de plus en plus facile pour eux de tricher. Et le cercle vicieux continuera de s’auto-alimenter.

Faire cette comparaison entre Août 2016 au Gabon et ces élections municipales en France a été difficile. Difficile de réaliser que pour des élections considérées comme mineure, l’organisation et la rigueur est la même que pour des présidentielles. Au moment de mettre mon bulletin dans l’urne, un petit groupe de magistrats et surveillants électoraux sont entrés dans le bureau de vote. Ils venaient s’assurer que le processus était respecté : inspection des isoloirs, vérifications des bulletins pour chaque candidat, contrôle de l’identité des membres du bureau, etc.

Sincèrement, j’étais en colère contre nous. Pourquoi chez nous, on n’arrive pas à faire la même chose ? Pourquoi on ne VEUT pas faire la même chose et respecter cette démocratie que l’on chante partout ? Non pas que la France soit exemplaire en tout point, mais au moins le débat et la critique politique sont possible sans représailles. On n’en arrive jamais aux armes; du moins pas à ma connaissance.

Tout ceci m’a donné envie de m’impliquer davantage. D’autant plus que cela nous concerne directement. Ces personnes que nous élisons vont prendre des décisions qui nous impacteront sur tous les plans de notre vie. Autant bien choisir et avoir un regard tourné sur ce qu’ils font (coucou Fillon, pense à rendre l’argent !). Et peut-être même qu’un jour je me présenterai comme candidate. Qui sait ce que l’avenir nous réserve !

Allez, c’était moi. A demain.

Tchüss,

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